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L'industrie chimique en
Belgique |
1. Les dioxines ont été suspectées dans un premier temps. Mais que
sont les dioxines et quel est leur degré de toxicité? 1.1. Les dioxines ne sont pas des produits chimiques fabriqués
mais des sous-produits organiques (hydrocarbures aromatiques polyhalogénés) émanant aussi bien de phénomènes
naturels que de nombreuses activités humaines. Il s'agit en fait d'une
famille de 210 molécules différentes, composées de carbone, d'oxygène, d'hydrogène
et de chlore. Elles se forment spontanément, entre 250 et 700°, dans des
réactions "parasites" d'oxydation, notamment lors de combustions et
de certains processus industriels. Elles sont détruites avec certitude
au-dessus de 1100°. Il est aujourd'hui communément admis, par les scientifiques et les
toxicologues, que le taux global d'émission de dioxines est en diminution
en Europe et que les quantités produites sont relativement faibles :
quelques kilos par an, en Europe. L'industrie chimique ne contribue que
très peu à l'émission de dioxines dans l'environnement (à peine 0,01% -
source : VITO, 1999 (Vlaamse Instelling
voor Technologisch Onderzoek)). Parmi les principales sources, citons certains processus
industriels ferreux et non ferreux (environ 1/3), les incinérateurs de
déchets ménagers et hospitaliers insuffisamment équipés (environ 1/3), le
dernier tiers provenant de multiples sources telles que les incendies, le
chauffage individuel, le trafic automobile, l'incinération domestique de déchets
et la combustion de bois (y compris nos barbecues du week-end) ou de
cigarettes. 1.2. Parmi les 210 dioxines et substances assimilées identifiées
(75 dioxines ou PCDD et 135 furanes ou PCDF, généralement toutes appelées
dioxines), seules 17 PCDD présentent, à des degrés divers, les
caractéristiques qui combinent trois propriétés particulièrement indésirables
: ·
une très grande stabilité
chimique, ce qui les rend peu (bio-)dégradables et
donc rend difficile leur élimination par l'organisme, en cas d'ingestion;
leur "demi-vie" est de sept ans; ·
une affinité pour les matières
grasses ("lipophilie") qui, à cause de
leur faible élimination, en favorise l'accumulation dans les organismes et
dans la chaîne alimentaire; ·
une conformation particulière qui
leur donne la faculté de se substituer, à la manière d'une fausse clé, dans
une multitude de processus de régulation cellulaire.
Si le suivi épidémiologique, entre 1976 et 1991, des habitants de
Seveso, n'a pu révéler d'augmentation significative des décès, cancers,
troubles du système immunitaire et malformations congénitales, certaines
études plus récentes (Prof. Bertazzi, Université de
Milan) suggèrent une fréquence accrue de certains cancers. Il est toutefois à
noter qu'il s'agit ici d'expositions accidentelles extrêmes, sans aucune
mesure avec celles dont il est question dans l'affaire des aliments
contaminés. Ces effets sont donc improbables aux niveaux d'exposition
habituellement rencontrés par la population. 1.3. Les mesures prises par le Gouvernement ont été dictées par une
application très stricte du "principe de précaution". Etant donné le contexte précité, Il n'y a cependant pas
lieu de s'inquiéter outre mesure; l'intoxication alimentaire potentielle
n'ayant duré que quelques semaines, des séquelles sont improbables. En effet, comme l'a affirmé Paracelse, au 16me siècle déjà, c'est
la dose qui fait le poison. Pour que les effets indésirables observés chez
l'animal se manifestent chez l'homme, il faut que la quantité totale
accumulée par l'organisme dépasse un certain seuil. Les autorités
sanitaires (de l'Organisation Mondiale de la Santé - OMS) estiment que ce
seuil n'est pas atteint tant que l'exposition, sur une longue période
ne dépasse pas une contamination de 1 à 4 picogrammes
de dioxines "TEQ ou équivalent Seveso" (cette notion est
expliquée au point 1.4.), par jour, par kilo de poids corporel (c'est
ce qu'on appelle la dose journalière acceptable - DJA), soit de 70 à 280 picogrammes pour un adulte de 70 kilos. Divers autres
seuils, plus ou moins élevés, sont régulièrement cités dans la presse et dans
des études scientifiques mais ceux de l'OMS font autorité en la matière. 1.4. Parmi les 210 dioxines et furanes identifiées, une seule, la
dioxine de type 2,3,7,8 TCDD est classée par l'IARC
(International Agency for Research
on Cancer, une division de l'Organisation Mondiale de la Santé) comme
substance cancérigène pour les humains. Comme elle est mille fois plus
toxique que la moins toxique des 17 dioxines précitées, on évalue la
toxicité d'un "cocktail" de dioxines, grâce à un système de
pondération dont le résultat donne une "toxicité-équivalent-2,3,7,8 TCDD" ou TEQ. Les analyses menées par le
Comité scientifique désigné par le Gouvernement belge ont démontré la
présence, dans certains poulets, de "cocktails" de dioxines allant
jusqu'à 900 picogrammes TEQ - ou
millionièmes de millionième de gramme - par gramme de matière grasse. Ces
quantités sont certes très largement supérieures, pour ceux qui en ont mangé,
à la consommation quotidienne moyenne habituelle mais ne prêtent pas à
conséquence puisque la durée d'exposition a été -fort heureusement - très
limitée. 1.5. L'affinité des dioxines pour les matières grasses explique
pourquoi l'alimentation - et particulièrement les aliments gras comme la
viande, le lait (y compris le lait maternel), le jaune d'oeuf,
les fromages, etc. - constituent la principale source d'exposition pour
l'homme. Une propriété fait heureusement défaut aux dioxines : à la
différence des bactéries, virus et autres prions qui font, à coup sûr, des
dizaines de milliers de victimes de par le monde, via la contamination des
aliments et de l'eau, elles ne prolifèrent pas. 1.6. Si le principe de précaution peut être invoqué, il importe
donc de le mettre en balance avec un autre principe, tout aussi important :
le principe de proportion entre l'importance du problème et les mesures
prises pour y faire face, faute de quoi les effets réels des mesures
prises risquent d'entraîner des conséquences plus dommageables que les effets
du problème initialement mis en lumière. Ainsi, selon les estimations de deux
médecins de la Communauté flamande qui ont suivi de près la problématique,
l'ingestion - accidentelle - d'un kilo de viande contaminée correspondrait
environ à la dose de dioxines ingérée - à ses risques et périls - par une
personne de 70 kg fumant un paquet de cigarettes par jour, pendant environ
neuf mois, sans compter les autres substances toxiques inhalées. 1.7. En résumé, il faut donc consommer avec prudence mais sans
céder à la panique et surtout, à terme, mieux contrôler notre chaîne
alimentaire, pour éviter la répétition de tels accidents. 1.8. Les données analytiques, récemment publiées par le Comité
scientifique désigné par le Gouvernement belge mettent en cause les PCB, en
tant que source réelle de la contamination. Les PCB (polychlorobiphényles) ont été très fréquemment utilisés,
durant plus de 40 ans, dans de nombreuses applications industrielles, dont
les isolants et liquides de refroidissement dans les transformateurs
électriques. La plupart de ces applications ont été limitées dans l'Union
Européenne dès 1976. La production et la commercialisation ont été interdites
en 1985. Exception: les PCB utilisés dans les transformateurs existants ont
été autorisés jusqu'en 2010, date à laquelle ils seront définitivement
interdits. Dans l'intervalle, leur élimination s'effectue progressivement. Tant au cours de leur fabrication que de leur utilisation, les PCB
utilisés comme isolants et liquides de refroidissement sont contaminés par
d'infimes quantités de furanes (polychlorodibenzofuranes
ou PCDF). Les analyses effectuées par le Professeur Patrick Sandra de
l'Université de Gand et étudiées par le Comité scientifique révèlent en
effet, outre des PCB, essentiellement des traces de composés de furanes, très
similaires à celles citées dans la littérature portant sur les dérivés de
PCB. Les configurations analytiques rencontrées sont tout à fait
différentes de celles résultant des procédés de combustion normale qui
génèrent les dioxines et les furanes. Les symptômes développés par les poulets, à la fin du mois de janvier
et en février, semblent être identiques à ceux cités par la littérature
scientifique sur les expérimentations en laboratoire de PCB. Ces substances
sont beaucoup plus faciles à repérer, lors des analyses et donc plus
facilement "traçables". Leur présence
permettra vraisemblablement de faciliter la recherche de l'origine réelle de
la contamination des farines animales, pour laquelle diverses hypothèses sont
aujourd'hui émises. Fedichem, le CEFIC
(Conseil Européen de l'Industrie chimique) et Euro Chlor
(l'association européenne des producteurs de chlore), soutiennent la position
de l'Union Européenne visant à supprimer et à détruire les PCB et invitent
les autorités régulatrices internationales à accélérer ce processus afin de
réduire considérablement le risque d'autres accidents majeurs de
contamination d'aliments comme celui qui vient de se produire en
Belgique". Informations: |
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